[Technique] Les pigments

Lorsque l’on choisit ses couleurs, il est important de prendre en compte les propriétés des pigments qui les composent puisqu’ils en sont la matière première essentielle.

Voici donc un petit article extrait de mon guide « Comment peindre à la Gouache. Matériel, techniques, conseils.« 

Pour la petite histoire :

Le mot pigment vient du latin pigmentum qui signifie matière colorante. La différence entre pigment et colorant est qu’un colorant est soluble dans le milieu où il est dispersé alors que le pigment ne l’est pas. Il existe trois grandes familles de pigments : un pigment peut être d’origine organique ou minérale (et donc naturel), ou synthétique. La première utilisation des pigments organiques remonte à la Préhistoire (fresques de Lascaux…). À l’Antiquité sont apparus les pigments minéraux (pierres dures broyées utilisées par les égyptiens et les grecs) dont l’usage s’est généralisé et diversifié pendant le Moyen Âge au travers des fresques, peintures religieuses, manuscrits ou enluminures. Au XIXe siècle, l’essor de l’industrie chimique a entraîné la création de pigments synthétiques qui ont peu à peu remplacé les matières colorantes naturelles, permettant ainsi de réduire le coût des peintures et mettant un frein à l’emploi des pigments minéraux. Aujourd’hui, le Roussillon avec ses falaises d’ocres n’est plus qu’un splendide décor pour touristes et la plupart des pigments que vous trouverez dans vos peintures sont produits chimiquement.

Pour l’anecdote :
Au Moyen Âge et jusqu’au XVIIe siècle, les peintres faisaient broyer leurs pigments. La tâche était pénible et fastidieuse. Les pigments noirs en particulier étaient difficiles à broyer d’où l’origine de l’expression « broyer du noir ».

Le Colour Index International référence selon une nomenclature bien particulière, tous les pigments naturels et synthétiques qui permettent de fabriquer les couleurs « Beaux-arts ». Pour chaque couleur, un code est attribué se composant comme suit :
En premier vient l’indication du type de pigment : naturel (N), minéral ou synthétique (P). Puis vient le code de la famille de couleurs : W (blanc), Bk (noir), Br (brun), R (rouge), O (orange), Y (jaune), B (bleu), G (vert), V(Violet). Et enfin, les numéros qui identifient l’origine et la composition du pigment. Par exemple, PB29 correspond au Pigment Blue n°29, qui est le bleu outremer (aluminosilicate de sodium). Lorsque la couleur est obtenue à partir d’un mélange de pigments, chacun d’eux est mentionné : par exemple le rouge écarlate chez Talens est PR112/PV19. Vous pourrez trouver en suivant ce lien la liste au format PDF des couleurs ainsi que leurs codes établis par le Colour Index.

Vous trouverez les indications concernant la composition de chaque couleur dans le nuancier du fabricant ou sur l’étiquette du tube.

Cela vous permettra de :

– connaître la composition précise de la couleur ;

– comparer deux couleurs de même appellation générique mais de composition différente selon la marque (indigo, gris de Payne, jaune de Naples) ;

– reconnaître une nuance véritable d’une imitation (cela n’est pas toujours mentionné sur le tube). Par exemple, une terre de Sienne peut être soit un oxyde de fer naturel (PBr7), soit un oxyde de fer d’origine synthétique (PR101) ;

– distinguer une couleur mono-pigmentaire d’une couleur multi-pigmentaire (moins pure et donc plus difficile à mélanger).

 

Bon à savoir !! Les noms des couleurs varient d’une marque à l’autre. Un même pigment peut se retrouver sous des noms de couleur différents : un vert phtalocyanine (PG7) sera appelé vert Monestial chez Daler-Rowney, vert cyanine chez Pébéo, vert bleu Winsor chez Winsor ou vert phtalo chez Lefranc ou Talens.

 

Vous trouverez aussi, codées sur le tube, d’autres informations techniques qui vous seront d’une grande utilité pour comprendre les propriétés de vos couleurs :

– Les classements de Permanence vous diront combien d’années vos peintures pourront durer

– Les indices de Transparence et d’Opacité vous diront comment votre couleur se comportera à l’application.

L’opacité et la transparence d’une gouache sont deux propriétés qui peuvent fortement influer sur les résultats de votre peinture.

 

À noter :
Pour rendre compte de l’étendue des pigments utilisés, un système de séries a été mis au point. La série indique le prix relatif de la couleur qui est principalement déterminé par le coût du pigment. La série 1 étant la plus abordable et la série 4 étant la plus onéreuse.

 

Exemple d’étiquettage sur les gouaches Winsor & Newton :

comment-peindre-gouache-V4_img_3

Exemple de nomenclature pour les gouaches Talens :

Magenta  [397+++ PV19/PR122]

comment-peindre-gouache-V4_img_4

Degré de résistance à la lumière :

+++ = 100 ans minimum sous éclairage de musée (42 couleurs)

++ = 25 – 100 ans minimum sous éclairage de musée (13 couleurs)

+ = 10 – 25 ans minimum sous éclairage de musée (4 couleurs)

0 = 0 – 10 ans minimum sous éclairage de musée (6 couleurs)

(P) = couleur primaire

397 = pigments utilisés

PV19/PR122 = pigments utilisés

Pour en savoir plus sur la technique de la gouache, téléchargez mon guide « Comment peindre à la Gouache. Matériel, techniques, conseils. »

Image d’illustration : Dan Brady [CC-BY-2.0 (http://creativecommons.org/licenses/by/2.0)], via Wikimedia Commons

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